World Championship Women Basketball U17 - Made in Belgium

A l'arrivée de la délégation belge à l'aéroport de Toulouse-Blagnac jeudi dernier à la veille du début du championnat du monde, c'était l'heure de prendre des nouvelles des Belges et de prendre le pouls de façon générale et informelle avant l'entame de ce Mondial. Une petite conservation avec Julie Vanloo, alors une peu soucieuse, prenait mardi tout son intérêt à l'issue de l'exploit belge face à la Chine. "Je ne me sens pas encore au mieux", avait en effet confié le jeune meneuse de Declercq Stortbeton Waregem, visiblement un peu inquiète. "J'ai eu une saison difficile. Je suis arrivé dans un nouveau club. J'ai changé d'école. Il y a eu beaucoup de changements pour moi et tout était nouveau. Ce n'était déjà pas facile et puis il y a eu cette blessure au coude qui m'a tenue écarté pendant 3 mois. Et puis, depuis avril, je n'ai plus joué de matches en compétition et peu de matches de préparation. Je manque de rythme. En outre, on ne se trouve pas encore très bien au sein de l'équipe. Il y a quatre changements par rapport à l'année passée. Et ce n'est pas encore ça. Le début va être difficile, avait-elle alors prédit. "Pour moi, comme pour l'équipe, il va falloir attendre un peu plus loin dans la compétition pour voir notre vraie valeur. Et pour ma part, je vais avoir besoin de 2 ou 3 matches avant de vraiment me mettre dedans pour retrouver mes sensations."... Bien vu !

"C'est vraiment une magnifique victoire. On a vu une équipe qui en voulait énormément tant offensivement que défensivement. C'est une équipe qui est aussi toujours resté sereine, même lorsque la Chine a joué son va-tout en fin de match lorsque les Chinoises ont planté trois paniers à trois points consécutifs en 2 minutes à l'entame du dernier quart temps. Daniel Goethals a pris un temps mort qui a permis de rassurer les filles et de faire en sorte de conservé cette sérénité au sein de l'équipe et de tenir le coup jusqu'au bout."

"En bloquant le point fort des Chinoises, qui est leur shoot très rapide à 3 points - elles en ont mis 7, comme nous - les filles ont manoeuvré comme il le fait. On a vu une équipe belge qui en voulait offensivement, avec un jeu en pénétration, qui osait prendre ses responsabilités à distance et qui a réussi pas mal de contre-attaques grâce à une défense agressive et un collectif sans faille. On a vraiment bien sur profiter du manque de rotation défensive des Chinoises. C'est ça aussi leur point faible: leur rotation défensive. Si tu savais battre ta fille en un-contre-un, tu étais parti jusqu'au bout pour déposer à l'anneau. La Belgique a vraiment joué le match parfait sur le plan tactique pour battre cette équipe chinoise, jeune, mais qui a énormément de talent et beaucoup de taille. Il y a une bonne gestion du groupe côté belge, où deux-trois sont sorties du lot, mais où tout le monde a apporté sa pierre à l'édifice."

Les Belges ont réalisé mardi le match parfait face aux Chinoises contournant la Muraille formée par les grandes tours de plus d'1m90 et limitant les shoots à 3 points de Meng Li notamment. Creusant l'écart en première période jusqu'à compter 14 points d'avance à la pause sur une incroyable réussite offensive, récompense d'autant d'actions en pénétration et de prise de shoots à bon escient, les Belges ont fait bloc en défense pour résister au retour chinois en seconde période. Les uns contre uns faisaient mouche au sein de la défense chinoise assez statique, les trois points atteignaient leur cible et le boulot défensif des jeunes Belges avaient eu le don d'agacer l'armada chinoise qui en perdait sa précision dans le dernier quart torpillant à qui mieux-mieux au-delà des 6m25, mais en vain. La Chine ne se rapprochera pas à moins de 8 points.

Les points de Julie Vanloo (31pts) et d'Emma Meesseman (19pts, 9 rbds) ont été doublés par ceux de Sien Devliegher auteur d'un incroyable boulot défensif entre les lignes et d'une belle réussite offensive (14pts). Hanne Mestdagh aura réussi à répondre à l'attente de son coach qui espérait tant en elle, au-delà de son traditionnel apport au rebond, la Flandrienne aura apporté son écho en percussion aussi avec 11 unités. Hind Ben Abdelkader et Hatti Bende Belobi auront doublé efficacement Vanloo et Meesseman pour leur permettre de souffler. L'intérieure de Mondeville plantant même un trois points 'on the buzzer' pour atteindre le repos sur ce tonitruant 50 à 36 ! 50 points en une mi-temps, imaginez un peu. Heleen Adams restait solide sur ses jambes, et Antonia Delaere parvenait à se faufiler entre les tours chinoises pour aller capter les rebonds ! Ann Schyvens se sacrifiant pour la cause lors de ses montées au jeu. Comptée rapidement à deux fautes, Lien Delmulle en aura gardé sous la pédale pour le match face à l'Australie. Une arme en plus.

Tout ça pour dire que l'équipe belge a livré une bataille d'une incroyable solidarité, jouant sur ses qualités - indéniables - et respectant à la lettre les consignes de Daniel Goethals et Daphne Van Dessel ayant préparé ce match à la perfection. Inscrire 90 points face à la Chine au regard des deux premières rencontres timides des Belges, situe à souhait la montée en puissance des vice-championnes d'Europe. Avec trois victoires en quatre rencontres, elles prennent même la tête du groupe avant d'affronter l'Australie mercredi (15h00). Que dire de plus après une rencontre pareille ? Si ce n'est que l'enthousiasme des Belges peut déplacer des montages ou des Murailles...

Belgium U17 - Chine 90-80
BOX SCORE

Les protégées de Daniel Goethals se sont offert une balade rafraîchissant sur les bords du canal de Brienne lundi matin pour la première journée de repos de ce Mondial. L'après-midi fut réservé à une séance d'une heure et demie pour préparer le duel face à la Chine. Les Chinoises culminent à 1m99 pour la plus grande et comptent cinq joueuses à plus d'1m90. Et la Chine, non seulement c'est haut, mais c'est costaud. Yang Liwei (1m75) et Meng Li (1m84) - 4e meilleure marqueuse du tournoi avec 16,3 pts de moyenne et meilleure aux assists - n'ont peut-être que 15 ans, mais ce sont les deux moteurs de cette formation chinoise avec Ma Xueya (1m84) et Yu Dong (1m94) notamment.

Même requinquées par le succès sur les championnes d'Europe espagnoles, les Belges savent que la tâche sera extrêmement compliquée. Elles se sont attelées à préparer le rendez-vous avec une confiance et un moral retrouvé.

Avec 11 minutes de jeu "seulement" peut-être contre l'Espagne, mais un 2/4 à 2pts, 1/2 à 3 et 2 rbds, Hind Ben Abdelkader aura rentabilisé son temps de jeu au maximum, mais aura surtout donné l'impulsion. La jeune bruxelloise aura démontré que l'audace et le culot pouvaient payer. Il fallait oser. Cette meneuse qui a débuté à Atomia (chez les garçons) passant ensuite à Ganshoren aura en tous les cas appliqué, comme ses coéquipières, le message défini la veille dans la chambre d'hotel de la capitaine d'équipe, Julie Vanloo.

"On s'est en effet réunie après le match contre l'Argentine, sans les coaches", confie Hind Ben Abdelkader. "Pour tout mettre à plat, chacune à parler et cela a fait vraiment du bien. On s'est dit qu'il fallait tourner la page de l'Argentine, regarder devant et jouer toute ensemble. Et cela a marché..." Pour Hind, son 'baptême' est réussi, au-delà peut-être de ses espérances, elle qui craignait de ne pas s'intégrer aussi facilement dans un groupe qu'elle connaissait à peine. "En principe, je joue avec les U16 où je connais mieux les filles."

Qui l'eût cru au lendemain de la défaite face à l'Argentine ? La manière et l'ambiance n'y étaient point. Dos au mur et dans la position d'un outsider, la Belgique devait affronter l'Espagne pour rester en vie. Les Belges ont non seulement pris leur revanche sur ces Hispaniques qui les avaient privés du titre européen 12 mois plus tôt en finale de l'Euro-U16 à Naples, mais les filles de Daniel Goethals et Daphne Van Dessel ont renversé la donne, mathématique et mentale.

Le chemin vers les quarts de finale est encore long. Après le jour de repos lundi, la Belgique doit se farcir deux gros morceaux, les deux plus gros, la Chine mardi et l'Australie mecredi. L'Argentine et l'Espagne doivent encore s'affronter mardi alors que les Sud-Américaines s'offriront sans aucun doute une seconde victoire - au moins - mercredi contre le Mali. Les Espagnols clôturent face à la Chine mercredi. Un nouvel exploit belge leur ouvrirait les portes des quarts de finale. Sinon, si les Argentines surprennent l'Espagne, la Belgique serait qualifiée. Dans le cas inverse, il faudra prier pour que la Chine batte les Espagnoles. Mais dans tous les cas de figure, les Belges doivent s'inspirer de ce dernier quart d'heure face à l'Espagne !

Avec le réveil des Belges, l'apport de joueuses comme Emma Meesseman et Julie Vanloo, le coup de poker réussi d'Hind Benabdelkader et l'ambiance retrouvée sur le banc belge, la victoire contre l'Espagne, 55 à 54, rassemblait une dose d'ingrédients distillés avec parcimonie seulement lors des deux premières joutes de ce Mondial U17. Le match contre l'Espagne était déjà un duel couperet. Un exploit était obligatoire. "Et dès la première mi-temps, dès l'entame de ce match, on a pu constaté plus d'agressivité de nos joueuses, plus de volonté en défense", a pu constater Gérard Beurlet qui avait exhorté la veille les Belges à oser plus et à prendre leurs responsabilités. "Cela a permis de développer quelques contre-attaques. Par contre, sur jeu placé, ce n'était pas encore vraiment ça. On se cherchait encore beaucoup trop et face à la pression espagnole, cela s'est traduit par 12 pertes de balles en première mi-temps, dont 9 interceptions espagnoles qui a donné à l'Espagne autant de paniers faciles. Il y avait toujours ce manque de percussion en attaque. L'entrée de Hind Benabdelkader a vraiment fait du bien. C'est un peu elle qui a donné l'impulsion."

Mené 47 à 32 à 11 minutes de la fin, la Belgique avait eu bien du mal à dissipper ses doutes nés de deux rencontres, l'une facile contre le Mali, l'autre manquée, face à l'Argentine. A dix points derrière dans le dernier quart, les Belges, dos au mur, empêtrés dans leur jeu et en panne offensive, n'avaient d'autres choix que de se lâcher et se livrer comme jamais elles ne l'avaient encore fait depuis l'entame de ce championnat du monde. Avec une Emma Meesseman dont avait du mal à comprendre où elle pouvait disposer d'autant d'énergie encore (14pts et 8 rbds) et une Julie Vanloo qui en avait manifestement marre d'être bridée (16pts) prenant enfin le match à son compte, la Belgique fondait sur l'Espagne, sentant des Ibères en panne offensive. Grignotant l'écart, les Belges mettaient l'ambiance sur le banc (enfin) et les supporters poussaient les leurs vers un exploit qui les maintient en piste pour une qualification pour les quarts de finale, même si le chemin du top 8 est encore long !

Personne ne voulait accabler Antonia Delaere d'avoir manqué un lay-up a priori aisé qui n'aurait donné en fin de compte que 5 minutes supplémentaires aux Belges pour tenter de renverser un bras de fer qui n'aura probablement jamais été à leur avantage. Ce n'est certainement pas là que la Belgique a perdu son match face à l'Argentine, ou plutôt qu'elle n'a pas réussi à gagner son duel face aux Sud-Américaines. Car c'est bien offensivement que le bât a aussi blessé côté belge. Emprunté et manquant de cohésion, le jeu belge a pêché par manque de rythme et de 'peps', d'enthousiasme aussi, y compris sur le banc. Lâcher la bride au cou et oublier la 2e place en U16 l'été dernier, condition sine qua non pour sortir la tête de l'eau face à l'Espagne, et réussir quelque chose contre la Chine au lendemain du premier jour de repos prévu lundi. C'est désormais le pari des Belges...

Un festival de paniers primés! Que ce soit d'un coté ou d'un autre, les shooteuses ont été à la fête samedi: pas moins de 13 tirs à longue distance en première mi-temps (9 pour l'Espagne et 4 pour le Mali). C'est l'Espagne qui a tiré la première par l'entremise de Yurena Diza Castellano (11 points). Une fois mise sur le velours (20 points d'écart), la Roja ne s'est pas laissée surprendre durant le reste du match et a assuré sa première victoire dans ce Mondial.

"Après la défaite d'hier (contre l'Australie, ndlr), il était important de continuer à travailler (..) Le plus important dans cette statistique des 3 points (15/23) c'est qu'il traduit le résultat d'un bonne circulation de balles, de bonnes options de tirs et d'un jeu solidaire," expliquait le coach espagnol, Victor Lapeña.

Gagnant de multiples ballons, obtenant des situations de paniers avec bonus, les Ibères ont ensuite controlé la partie et essayé différentes choses: press tout terrain, différentes zones et de nombreuses rotations (toutes les joueuses ont pris part à la rencontre et ce dès la première mi-temps).

"Nous sommes dans un groupe difficile. L'Espagne ne possède pas la puissance physique d'autres nations comme l'Australie ou la Chine. La seule manière de remporter nos matches c'est de jouer en équipe jusqu'à arriver à la meilleure option dans le jeu. Aujourd'hui nous avons travaillé dans ce sens et cela nous a réussi surtout à 3 points.(...). La Belgique est une équipe de haut niveau en Europe. Nous pensons à cette équipe dès maintenant et jusqu'à ce que le match contre eux se termine. Mais nous sommes surtout concentrés sur nous mêmes. Nous devons éviter de nous relâcher . Dans le passé, gagner contre elles nous a demandé beaucoup d'efforts et nous serons attentifs et concentrés" rajoutait encore le coach espagnol évoquant l'importantissime rencontre des jeunes belges face aux champions d'Europe dimanche à 17h30 dans un remake de la finale (après prolongation) à l'Euro-U16 à Naples l'été dernie.