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Made in Belgium

Si la Belgique veut évoluer, la fédération doit se professionnaliser


Après les Espoirs en 2007, 5e du Mondial U21 à Moscou, les moins de 17 ans ont conquis de haute lutte la 4e place du premier championnat du monde de la catégorie qui s'est achevé dimanche par la victoire des Etats-Unis sur la France. La Belgique possède là deux générations dorées. Ce n'est déjà plus un hasard. Mais si la Belgique féminine veut continuer à progresser, elle doit se professionnaliser. Pour être plus exact, la fédération, soit les deux ligues, VBL et AWBB, sont désormais obligées de passer le cap.



Photo: Ann Dee Lamour
Photo: Ann Dee Lamour
Photo: Ann Dee Lamour
Photo: Ann Dee Lamour
Après les Espoirs en 2007, 5e du Mondial U21 à Moscou, les moins de 17 ans ont conquis de haute lutte la 4e place du premier championnat du monde de la catégorie qui s'est achevé dimanche par la victoire des Etats-Unis sur la France. La Belgique possède là deux générations dorées. Ce n'est déjà plus un hasard. Le travail effectué – sous différentes formes - au niveau des jeunes, principalement en Flandres, porte ses fruits. Mais si la Belgique féminine veut continuer à progresser, elle doit se professionnaliser. Pour être plus exact, la fédération, soit les deux ligues, VBL et AWBB, sont désormais obligées de passer le cap. Et, pour la sempiternelle fois, le professionalisme n'équivaut pas à rajouter des zéros derrière un chiffre. Le professionalisme, ce n'est pas une question d'argent. C'est une façon de penser. D'agir surtout. Bien sûr, cette mise en oeuvre requiert des moyens financiers, mais sans savoir-faire, l'argent ne sert à rien.

Un constat

Et maintenant, que va-t-on faire ? (photo: Ann Dee Lamour)
Et maintenant, que va-t-on faire ? (photo: Ann Dee Lamour)
Le brouhaha permanent entourant les sélections nationales, l'organisation de la compétition belge et l'absence de compétitions de haut niveau pour les jeunes laissent perplexe. “J'ai des doutes”, lançait Daphne Van Dessel dès le coup de sifflet final de ce Mondial U17. “J'ai des doutes, parce que dans 5 ans, quel sera le résultat de ces jeunes si prometteuses alors que leur marge de progression est désormais minime par rapport aux autres pays où les jeunes vont à peine intégrer des clubs pros. Chez nous, elles sont déjà dans le cinq de base en D1. Il faut monter le niveau de compétition en Belgique.

Même réflexion de Daniel Goethals, “on voit la différence au niveau physique, entre un championnat d'Europe et un championnat du monde, il y a 15 cm de différence. Voyez le gabarit sur ce Mondial, regardez nos filles. Mais qu'est-ce que ce sera dans 2 ans quand on va, je l'espère, se retrouver au prochain Mondial U19 ? Ce sera de la charpille ?

Le constat est là au niveau sportif. La multiplication des expériences internationales et la participation de clubs belges - en ce compris les 'Young Cats' - est déjà un premier pas. Mais le sport de haut niveau requiert aussi un encadrement professionnel au niveau fédéral. L'un ne va pas sans l'autre. Côté belge, cette seconde moitié, indispensable pour former un tout fait cruellement défaut. Question 'savoir-faire de haut niveau', c'est le néant ! Comment exiger des joueuses, du staff un comportement professionnel alors qu'un amateurisme moyen-âgeux règne en maître au sein de ses ligues. C'est aussi un constat. Et il ne va pas certainement pas plaire à tout le monde.

Se réfugier derrière une structure pas des hommes

La Belgique, 4e du Mondial (photo: Ann Dee Lamour)
La Belgique, 4e du Mondial (photo: Ann Dee Lamour)
Personne ne conteste le temps consacré par nos édiles fédérales à leur sport. Mais, l'on en reste à la notion de sport pour tous, à des années lumières du sport au plus haut niveau. Pour progresser encore d'un centimère, d'un point, d'une place, les efforts à réaliser sont considérables. Il faut surtout y apporter un état d'esprit. Une grille d'analyse basée sur le plus haut niveau. Sans cela, la Belgique ne pourra compter que sur des générations d'exception, sur des coaches de talent qui dépensent la moitié de leur énergie à colmater les incohérences administratives, logistiques et à s'occuper de domaines en principe attribués, dans les meilleures fédérations, à toute une série d'autres personnes. La Belgique ne pourra compter que sur des hommes et non se reposer sur une structure pro et un système pro.

Hors notre fédération se réfugie bien trop souvent derrière ces hommes et ces joueuses, derrière la vision d'un sélectionneur national qu'elle ne défend même pas jusqu'au bout, pour masquer ses propres carences. Hors il y a en Belgique des joueuses d'un talent inouï, des coaches d'une rare compétence, et des moyens humains insoupçonnés pour un 'petit pays' de 10 millions d'habitants. Mais il manque une pièce au puzzle. Est-il normal que des gamines de 16 ans et de jeunes coaches soient bien plus professionnels que le “plus haut niveau” de nos representants fédéraux ? Est-il bien normal que c'est le secrétaire-général qui doit s'occuper de porter l'eau, de laver les maillots, de tenir les clés de la buanderie ou d'envoyer les rares communiqués de presse ? Est-il normal qu'au Mondial U17 à Toulouse, par exemple, nos représentants soient en tribune spectateurs, en short, les mains dans les poches, entre deux étapes du Tour, à mener la troupe de supporters au son des vuvuzelas alors qu'en coulisse tant de travail de contacts, de lobbying, de relations, de représentation est à accomplir ? Ah, c'est sûr, que le capital sympathie de la colonie belge est montée en flèche au Village Bodega de la Ville Rose à force de faire la fermeture au bar populaire, à force de multiplier les banquets d'après-match de ses valeureux gaulois heureux d'avoir foutu une dérouillée aux Romains. Reste que la sympathie n'a que peu d'influence sur l'évolution professionelle d'un pays...

Depuis plusieurs années, les acteurs de terrain réclament ce que l'on peut pompeusement appelé des états généraux de notre basket. A quand un regroupement des compétences belges pour une réflexion axée sur le plus haut niveau ? Car les compétences existent, mais pour l'heure, elles fuient les institutions effrayées ou dégoûtées par tant d'amateurisme.L'évolution ne pourra se faire que par une solution globale, un business-plan sportif, dans tous ces aspects, établi sur le long terme. Et que l'on ne s'arrête pas à la première excuse toute faite et trop facile, 'oui mais on manque de moyens'. Il s'agit d'abord d'un état d'esprit, d'une ouverture d'esprit, d'un dialogue. Parce que, oui, elles en valent vraiment la peine !


Jeudi 29 Juillet 2010