Carpréaux encore sous le maillot de Dexia, avant son départ pour la Sicile (photo: FIBA Europe)
Lorsque Ribera l'accuse d'avoir lâché le club sans préavis et sans autorisation, Marjorie Carpréaux s'offusque. "Nous avons eu une explication, j'ai bien précisé que j'avais pris la décision, avec mon agent, de rentrer en Belgique, j'ai rendu les clés de l'appartement, et nous nous sommes serrés la main", explique la meneuse belge. Mais pour en arriver, là, la situation extra-sportive était devenue telle pour Carpréaux que peu d'options s'offraient à elle. "Je n'ai pas claqué la porte, ni abandonné le club comme ça. J'ai du fuir, vraiment, il faut me croire. C'était devenu grave. Et j'ai fait mon boulot là-bas. On m'a demandé d'aider le club à se sauver. Ce fut fait, mais là je ne me sentais plus en sécurité du tout, c'était de la folie."
Ribera centre ses communiqués sur ce qui s'est passé la semaine dernière lors de la double confrontation forcée face à Naples. Des mots auraient été échangés entre le manager et Marjorie Carpréaux, des réunions s'en sont suivies et l'internationale belge a décidé d'en rester là avec le club sicilien. Mais le récit de Marjorie Carpréaux débute bien avant. Assez surprenant, il faut le reconnaître.
Ribera centre ses communiqués sur ce qui s'est passé la semaine dernière lors de la double confrontation forcée face à Naples. Des mots auraient été échangés entre le manager et Marjorie Carpréaux, des réunions s'en sont suivies et l'internationale belge a décidé d'en rester là avec le club sicilien. Mais le récit de Marjorie Carpréaux débute bien avant. Assez surprenant, il faut le reconnaître.
Je n'ai rien dit, j'ai juste pensé à mon basket. Point.
Photo: FIBAEurope/Walter Saenen
Tout a commencé il y a moins de quatre mois lorsque Dexia Namur a poussé dans le dos sa meneuse lui priant de trouver un club pour le bien du groupe et des finances du club, et ce au 15 janvier alors que le mercato était déjà largement entamé. "Nous avions juste Valenciennes, mais c'était pour un mois, un mois et demi"" raconte Marjorie Carpréaux. "Puis il y a eu Ribera, qui avait un urgent besoin de meneuse. Ce n'était pas l'idéal, mais le fait d'avoir une expérience déjà à l'étranger pouvait être intéressante pour la suite de ma carrière." Voilà Marjorie Carpréaux débarquer en Sicile à la réputation aussi sulfureuse que la sienne. "Pourtant, je vous assure que je me suis calmé. J'avais décidé de ne rien dire, d'être pro et de me concentrer sur le basket.", rétorque la distributrice bien consciente du fait que son caractère lui a déjà joué quelques tours. D'un autre côté, c'est ce caractère fort qui lui permet précisément sans doute d'évoluer au niveau qui est le sien actuellement.
"Pourtant ce ne fut pas facile", poursuit Carpréaux. "J'ai fait mes valises du jour au lendemain, je suis arrivée à Palerme le 8 avec ma copine. Il y avait de la pluie dans l'appart, de l'humidité partout. Je n'ai rien dit. Il a fallu 15 jours pour changer. Je n'ai pas eu la voiture promise. Dans la salle, je vous assure, c'était la même chose, il pleuvait dedans. Il y avait des flaques sur le parquet." Puis il eut cette histoire de buy-out non payé par Ribeira à Dexia Namur qui en échange refusait d'octroyer la lettre de sortie. Conséquence deux matches perdus par le club italien pour avoir aligné irrégulièrement sa nouvelle recrue et comme cadeau, la lanterne rouge de la Lega italienne, place de descendant direct. "Oui, c'était difficile, parce que nous avions gagné contre Viterbo, j'ai fait deux bons matches d'emblée, mais en quelque sorte c'était à cause de moi que le club a été forfait, alors que je n'y suis vraiment pour rien. Mais encore une fois, j'avais décidé de me concentrer vraiment sur le basket et rien d'autres. Le coach ne parlait ni français, ni anglais. Difficile pour comprendre et se faire comprendre. Il y avait un système pour moi, je l'ai bien joué 40 fois. En plus, les joueuses là-bas n'étaient plus payées depuis des mois et j'entendais les commentaires dans le vestiaire. "Ils n'ont pasd'argent pour nous payer et ils vont chercher une nouvelle joueuse..." Je peux les comprendre, mais encore une fois je n'y suis pour rien."
"Pourtant ce ne fut pas facile", poursuit Carpréaux. "J'ai fait mes valises du jour au lendemain, je suis arrivée à Palerme le 8 avec ma copine. Il y avait de la pluie dans l'appart, de l'humidité partout. Je n'ai rien dit. Il a fallu 15 jours pour changer. Je n'ai pas eu la voiture promise. Dans la salle, je vous assure, c'était la même chose, il pleuvait dedans. Il y avait des flaques sur le parquet." Puis il eut cette histoire de buy-out non payé par Ribeira à Dexia Namur qui en échange refusait d'octroyer la lettre de sortie. Conséquence deux matches perdus par le club italien pour avoir aligné irrégulièrement sa nouvelle recrue et comme cadeau, la lanterne rouge de la Lega italienne, place de descendant direct. "Oui, c'était difficile, parce que nous avions gagné contre Viterbo, j'ai fait deux bons matches d'emblée, mais en quelque sorte c'était à cause de moi que le club a été forfait, alors que je n'y suis vraiment pour rien. Mais encore une fois, j'avais décidé de me concentrer vraiment sur le basket et rien d'autres. Le coach ne parlait ni français, ni anglais. Difficile pour comprendre et se faire comprendre. Il y avait un système pour moi, je l'ai bien joué 40 fois. En plus, les joueuses là-bas n'étaient plus payées depuis des mois et j'entendais les commentaires dans le vestiaire. "Ils n'ont pasd'argent pour nous payer et ils vont chercher une nouvelle joueuse..." Je peux les comprendre, mais encore une fois je n'y suis pour rien."
Les conditions étaient devenues impossibles
Les aventures de Marjorie Carpréaux en Sicile, à Ribera, à 1h30 de l'aéroport de Palerme, ne s'arrêtent pas là. Ribera parvient à s'imposer face à l'Umbertide d'Evelien Callens pour se relancer dans la course pour le maintien. "Là aussi", se souvient Marjorie Carpréaux, "je m'étais blessée à l'entraînement à la jambe, on m'a fait une piqûre dans la fesse pour que je puisse jouer. Mais bon, on a gagné." La tension de plus en plus palpable devait atteindre son paroxysme lors de l'avant-dernière journée de championnat face à Naples.
"Il y avait en effet une grosse pression. Sur moi aussi et surtout. On m'a carrément collé dans un coin pour me dire: 'il faut tout faire pour gagner'. Les conditions étaient impossibles à jouer. Il avait plu toute la journée, il y avait de l'eau sur le parquet. Tout le monde glissait. Vous pouvez demander à Ilic ou Gomis, les Napolitaines. On glissait, on tombait à terre. Après 32 minutes de jeu, c'est vrai, j'ai dit aux arbitres que c'était impossible de continuer. Le match a été arrêté, on était mené de 18 points. Le plus fou, c'est que l'on m'a accusé après d'avoir voulu faire perdre Ribera pour pouvoir rentrer en Belgique. J'hallucinais. Alors que l'une de nos Américaines n'a même pas joué. Même cirque à l'entraînement le lendemain. On me met la pression en disant qu'il faut tout faire pour gagner ce match (à rejouer contre Naples), sinon on est en D2. Bon, c'est vrai que je suis une joueuse étrangère, mais à 21 ans, j'étais là aussi pour apprendre. Pourquoi mettre toute la pression sur moi?"
Moi ? Vouloir perdre un match ? Insensé !
"Le pire, c'est que je ne commence pas le match le mardi suivant. On est mené 2-14 après le premier quart, je monte au jeu, sans mentir, c'est 16-14 et on est dans le match. Je reste jusqu'à la mi-temps, je fais mon match. A la reprise, je ne joue pas. Rien à dire, l'équipe n'a pas besoin de moi pour prendre l'avance et mener de 15 points. La fin de match est stressante. Je joue les 3 dernières minutes avec un press de Naples. Je dois tenir le ballon et passer le press. Je provoque les fautes et je fais 5/6 aux lancers. Alors pourquoi m'accuser de vouloir perdre le match ? Je m'en explique avec le manager. La tension monte après le match parce qu'on rend les passeports (que l'on doit donner avant le match) à tout le monde sauf à l'Américaine et à moi. Je lui demande des explications et lui rappelle ce qui s'est passé depuis mon arrivée. Il dit qu'il me rendra le passeport le lendemain, il a peur que je retourne en Belgique. Là je prend peur et le ton monte. Et il fait mine de lever le poing sur moi au point qu'on doit le retenir. C'était pire que dans un film, ça se bouscule. Je dis que dans ces conditions, je rentre en Belgique. Mais le pire, c'est que des types rôdaient depuis un petit temps autour de l'appartement. Et en rentrant, là les gars commencent à nous insulter. Grave. On ne voulait pas rester là, on est allé chez l'Américaine."
"Il y avait en effet une grosse pression. Sur moi aussi et surtout. On m'a carrément collé dans un coin pour me dire: 'il faut tout faire pour gagner'. Les conditions étaient impossibles à jouer. Il avait plu toute la journée, il y avait de l'eau sur le parquet. Tout le monde glissait. Vous pouvez demander à Ilic ou Gomis, les Napolitaines. On glissait, on tombait à terre. Après 32 minutes de jeu, c'est vrai, j'ai dit aux arbitres que c'était impossible de continuer. Le match a été arrêté, on était mené de 18 points. Le plus fou, c'est que l'on m'a accusé après d'avoir voulu faire perdre Ribera pour pouvoir rentrer en Belgique. J'hallucinais. Alors que l'une de nos Américaines n'a même pas joué. Même cirque à l'entraînement le lendemain. On me met la pression en disant qu'il faut tout faire pour gagner ce match (à rejouer contre Naples), sinon on est en D2. Bon, c'est vrai que je suis une joueuse étrangère, mais à 21 ans, j'étais là aussi pour apprendre. Pourquoi mettre toute la pression sur moi?"
Moi ? Vouloir perdre un match ? Insensé !
"Le pire, c'est que je ne commence pas le match le mardi suivant. On est mené 2-14 après le premier quart, je monte au jeu, sans mentir, c'est 16-14 et on est dans le match. Je reste jusqu'à la mi-temps, je fais mon match. A la reprise, je ne joue pas. Rien à dire, l'équipe n'a pas besoin de moi pour prendre l'avance et mener de 15 points. La fin de match est stressante. Je joue les 3 dernières minutes avec un press de Naples. Je dois tenir le ballon et passer le press. Je provoque les fautes et je fais 5/6 aux lancers. Alors pourquoi m'accuser de vouloir perdre le match ? Je m'en explique avec le manager. La tension monte après le match parce qu'on rend les passeports (que l'on doit donner avant le match) à tout le monde sauf à l'Américaine et à moi. Je lui demande des explications et lui rappelle ce qui s'est passé depuis mon arrivée. Il dit qu'il me rendra le passeport le lendemain, il a peur que je retourne en Belgique. Là je prend peur et le ton monte. Et il fait mine de lever le poing sur moi au point qu'on doit le retenir. C'était pire que dans un film, ça se bouscule. Je dis que dans ces conditions, je rentre en Belgique. Mais le pire, c'est que des types rôdaient depuis un petit temps autour de l'appartement. Et en rentrant, là les gars commencent à nous insulter. Grave. On ne voulait pas rester là, on est allé chez l'Américaine."
Des intimidations jusqu'au bout
Marjorie Carpréaux, c'était au Mondial U21 à Moscou, loin de la Sicile... (photo: FIBA.com)
L'histoire pourrait pourtant se terminer là, car le lendemain, mercredi, Marjorie Carpréaux est convoquée par la direction le matin pour s'entendre dire que le manager veut lui présenter ses excuses. Rendez-vous pris dans l'après-midi. "Et là, effectivement, le manager s'excuse. Je me dis ok, c'est bon. Pour moi, il n'y a pas de problème, je reste. Il explique qu'avec la tension du match et tout ça, il s'est emballé. Puis la discussion se poursuit et on est revenu sur ce qui s'était passé depuis le début. Là, il s'est à nouveau énervé, il a dit qu'il ne me rendrait pas mon passeport. J'en ai parlé avec mon agent, ma famille, la famille de ma copine. Sportivement, c'est vrai, le mieux était de rester, mais le climat était devenu tel qu'affectivement et pour ma sécurité et celle de ma copine, on a décidé de rentrer. On l'a expliqué, on a pris la décision vu le fait qu'il voulait me frapper, qu'il a couru après ma copine, qu'il a positionné des gens autour de l'appartement. On lui a rendu les clés de l'appartement, rangé."
Marjorie Carpréaux de retour en Belgique ? C'était sans compter apparemment sur les derniers épisodes. "On a pris le premier avion, on a payé nos tickets. Le gars censé nous conduire à l'aéroport n'est jamais arrivé, on a demandé à droite à gauche, on nous a répondu: 'vous savez j'ai une famille, j'obéis au club...'. C'était grave encore. On trouve quelqu'un pour nous conduire et jusqu'à la porte d'embarquement, le manager, par téléphone, a mis des bâtons dans les roues pour nous retenir. Il a exigé que nous payons le chauffeur qui nous avait amené. D'abord 150 euros, quelqu'un s'est fait passer pour la police pour nous demander l'argent aux portails de sécurité, on a voulu prendre nos cartes d'identité. Là on a eu peur. Finalement, il a demandé combien d'argent on avait sur nous. J'ai dit 50 euros, il en voulait 80. Je lui ai jeté les 50 euros. Il s'est excusé, il obéissait au club. Une fois dans l'avion, on a poussé un gros ouf de soulagement, mais on était sous le choc. Je vous assure que je n'invente rien !"
Alors que Viterbo est descendant direct, pour ce qui est de Ribera, il n'est pas encore tout à fait tiré d'affaire, il disputera les play-out face à l'Unmbertide d'Evelien Callens, le perdant jouera contre le perdant de Pozzuoli/Livourne. Malheur au vaincu puisqu'il descendra lui aussi en A2. Et Naples ? Lui il est sauvé...
Marjorie Carpréaux de retour en Belgique ? C'était sans compter apparemment sur les derniers épisodes. "On a pris le premier avion, on a payé nos tickets. Le gars censé nous conduire à l'aéroport n'est jamais arrivé, on a demandé à droite à gauche, on nous a répondu: 'vous savez j'ai une famille, j'obéis au club...'. C'était grave encore. On trouve quelqu'un pour nous conduire et jusqu'à la porte d'embarquement, le manager, par téléphone, a mis des bâtons dans les roues pour nous retenir. Il a exigé que nous payons le chauffeur qui nous avait amené. D'abord 150 euros, quelqu'un s'est fait passer pour la police pour nous demander l'argent aux portails de sécurité, on a voulu prendre nos cartes d'identité. Là on a eu peur. Finalement, il a demandé combien d'argent on avait sur nous. J'ai dit 50 euros, il en voulait 80. Je lui ai jeté les 50 euros. Il s'est excusé, il obéissait au club. Une fois dans l'avion, on a poussé un gros ouf de soulagement, mais on était sous le choc. Je vous assure que je n'invente rien !"
Alors que Viterbo est descendant direct, pour ce qui est de Ribera, il n'est pas encore tout à fait tiré d'affaire, il disputera les play-out face à l'Unmbertide d'Evelien Callens, le perdant jouera contre le perdant de Pozzuoli/Livourne. Malheur au vaincu puisqu'il descendra lui aussi en A2. Et Naples ? Lui il est sauvé...