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Lucienne Berthieu au rythme de la passion

A 26 ans, elle a déjà presque tout connu


Lucienne Berthieu vit sa passion au coeur du championnat espagnol cette saison. L'intérieure française d'origine camerounaise a déjà une solide expérience. Après un Final Four en NCAA, la fabuleuse expérience de la WNBA avec Cleveland Rockers, un Coupe d'Europe FIBA avec Aix-en-Provence, une SuperCoupe et une Copa de la Reina avec Valence, l'Euroligue avec le club espagnol, Berthieu dispute les demi-finales du championnat d'Espagne. Objectif avoué, la Liga!



Lucienne Berthieu au rythme de la passion
Sa fiche d'identité
Lucienne Berthieu
Née à Douala (Cameroun) le 31 mars 1978
Intérieure, 1m88

Passée par l'INSEP de 1994 à 1997, elle a poursuivi sa formation à Rennes lors de la saison 1997-1998 (elle y est meilleure reboundeuse du championnat de France), puis dans l'université américaine d'Old Dominion pendant quatre années entre 1998 et 2002 où elle fut désignée Rookie de l'Année en 1999 et participa au Final Four en 2002!

En WNBA, elle y fut draftée par Seattle puis coupée à la fin du camp d’entraînement, pour intégrer les Cleveland Rockers, deux jours après. Elle y passe deux étés avant que le club ferme ses portes pour de bon à la fin de la saison passée. Elle pourrait rejoindre la WNBA cet été avec Houston.

Revient en France en 2002/2003, à Aix-en-Provence, avec au bout un titre de MVP du championnat de France, un titre de MVP de la Coupe Ronchetti qu'elle gagne avec Aix!

Elle rejoint l'Espagne et Valence à l'aube de cette saison avec à la clé déjà une SuperCopa (nouveau depuis cette saison consiste en un match entre les championnes en titre et les vices championnes, cette année, contre Barcelone) et une Copa de la Reina en janvier dernier aux Baléares.

Ses statistiques
Valence
2003/2004: 25matches (19mn), 8,48pts, 5,6 rbds, 11,2 d'évaluation

Aix en Provence
2002/2003: 28m (30mn), 16,0pts, 7,5rbs, 16,5 d'évaluation

Cleveland Rockers/WNBA
2002 : 1,6 points à 43% et 0,8 rbd en 3' (5 matches)

Old Dominion/NCAA
2001-2002: 14 pts à 59% (meilleure pourcentage de la NCAA), 7,6 rbds, 1,2 pd, 1,9 in et 2,7 bps en en 24'
2000-2001: n'a pas joué, blessée au genou (ligaments croisés)
1999-2000: 17,8 pts à 61% et 8,9 rbds
1998-1999: 14,2 pts à 61%, 7,9 rbds et 1,9 in

Rennes
1997-1998 : 13,6 pts, 6,7 rbds en 24'

Le titre en Espagne

Photo: ligafemenina.com
Photo: ligafemenina.com
Favoris des play-off, Valence veut reprendre son titre de champion d'Espagne. Sous la houlette de Domingo Diaz, qui a quitté son club de Las Palmas à l'aube de cette saison pour relever le défi à Valence, Lucienne Berthieu est bien entourée. Valdemoro, Pons, Kedra Holland-Corn, Hicks, Fallon, le talent ne manque pas pour permettre à Valence de réaliser le triplé national: Supercoupe, Copa de la Reina et Liga. Seul regret une élimination sur le fil en Euroligue qui a privé Valence et Diaz de l'un des ses objectifs majeurs: un quarts de finale, au moins, dans la plus prestigieuse des compétitions européennes.

Lucienne, comment jugez vous vos adversaires dans les play-off ?

Les playoffs reste le moment que tout le monde préfère et que j'attend avec impatience peu importe la ligue dans laquelle j’ai joué. Ca a été une longue saison avec malheureusement deux faux pas (contre Las palmas et Barcelone). Nous partons bien évidemment favorites et notre plus redoutable adversaire, quoiqu'on en dise reste à mon avis, nous mêmes. On repart à zéro et les playoffs donnent à tout un chacun l'opportunité de jouer son meilleur basket. Toutes les équipes sont dangereuses et à prendre avec le même sérieux. Ne pas en sous estimer une et se dire que, parce qu’on les a battues en saison régulière, ça va être du gâteau. Au contraire se méfier de toutes.

Comment analysez-vous la saison et les qualités de Valence cette année?
Valence a une équipe avec beaucoup de potentiel individuel à tous les postes de jeu. Des ailières fortes que viennent renforcer un bon jeu intérieur. Tous les postes peuvent marquer, par conséquent le danger ne vient pas toujours de la même joueuse.

L'élimination en Euroligue a été difficile à gérer ? Comment analysez-vous votre saison ?
Oui, l’élimination en euroligue a été un coup très dur. Pas seulement parce que nous avons perdu le dernier match à Valenciennes, mais bien plus parce qu’à un moment de la saison nous avions notre destin dans nos mains et nous n’avons pas su assurer. Nous avions toutes des regrets et c’est pour cela que l’on sait qu’on aurait pu faire mieux.
La saison n’est pas encore terminée donc je m’abstiendrai de faire une analyse approfondie. Par contre, je peux dire que l’expérience de l'Euroligue m’aura apporté beaucoup d'un point de vue personnel. J’ai vu du très beau basket et côtoyé des joueuses de grand talent et respectées, tous postes de jeu confondu. J’ai beaucoup appris et continue d’apprendre mentalement et physiquement. En parlant de concurrence, il faut dire aussi que notre groupe était un beau challenge, il n’y a qu’à voir: les quatre équipes qui iront au Final Four de l'Euroligue faisaient partie de notre poule !

Vous confirmez participer à une nouvelle campagne WNBA ? Quelles sont vos objectifs dans cette compétition et quelle importance revêt-elle à vos yeux?

Rien n’est encore sûr pour cet été mais les pour-parler sont en cours. Je souhaiterais pouvoir montrer mes capacités s’il m’est donné un peu plus de temps de jeu que les deux dernières saisons. Je pense m’être améliorée en Europe et aimerais voir mes efforts reconnus par plus de temps de jeu. Pouvoir évoluer dans la ligue américaine est une satisfaction personnelle, car ce n’est pas donné à beaucoup de joueuses européennes. C’est une occasion de parfaire mon éducation basket auprès de bonnes joueuses dans un encadrement idéal.

Le basket est un travail d'équipe

Photo: basketfeminin.com
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Quelles sont vos projets à plus ou moins long terme?

Mes projets ne sont jamais vraiment définis à l’avance. Aujourd’hui je me trouve à Valence et me concentre sur les playoffs. C’est difficile et parfois dangereux de regarder un peu trop loin devant soi, au risque de perdre la concentration dont on a besoin dans le présent. Et puis à chaque jour suffit sa peine, demain viendra bien assez vite !

Quelle genre de joueuse estimez vous être et quel style de basket appréciez vous?

J’aime la vitesse. Surprendre les défenseurs lorsque qu’elles se replient en défense et ne sont pas entièrement prêtes à parer notre offensive, le point faible de pas mal d’équipes ! Le jeu rapide est ma phase préfèrée ainsi qu’aller aux rebonds (offensifs sont ceux que je préfère). J’aime la défense à cinq. Lorsque les cinq joueuses sur le terrain ont fait une superbe rotation défensive qui se termine soit par une balle volée soit un rebond défensif! La défense individuelle un contre un c’est bien, mais la défense d’équipe lorsque les cinq joueuses sont sur la même longueur d’onde, lorsque l’une prend une décision et que les autres réagissent au quart de tour en sachant exactement quoi faire. Le basket est un travail d’équipe!

Savoir pourquoi l'on part

Photo: basketfeminin.com
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Vous avez connu la NCAA, la WNBA, le championnat de France, le championnat d'Espagne, l'Euroligue, une victoire en Ronchetti et vous n'avez que 26 ans, si vous devez comparer ces compétitions en tant que telles et par rapport à votre « plan de carrière » si tant est qu'il y en ai un défini ?

Mon plan de carrière n’est pas tout à fait défini mais il se construit doucement. Je pense avoir eu beaucoup de chance d’avoir pu faire l’expérience du C.R.E.P.S (centre régional de l'éducation physique et sportive) à Poitiers, de l’I.N.S.E.P. (institut national des sports et de l'éducation physique) à Vincennes-Paris puis de l’université américaine d’Old Dominion avec à la clé le championnat NCAA. Plus récemment, j’ai eu l’occasion de fouler les parquets européens et le retour aux sources sur les parquets français avec Aix-en-Provence et ce retour s’est révélé très positif. Toutes ses expériences m’ont beaucoup apporté non pas seulement en temps que sportive mais aussi en temps qu’être humain. Pouvoir évoluer dans une culture différente de la nôtre et très forte par rapport au basket comme l’est l’Amérique est un atout incomparable et je pense qu’il m’a apporté bien plus que je ne l’espérais ! Il fut un temps où j’aurais dit que le niveau de jeu en NCAA et en WNBA est plus fort physiquement que celui du jeu européen, mais après avoir fait l’expérience de la Ronquetti et dernièrement de l’Euroligue, je pense que ces championnats sont tous un challenge différent et intéressant. Tout dépend de ce que l’on recherche. Le mental aux Etats-Unis est tout de même un peu plus développé sans parler de l’entretien physique par la musculation.

Vous êtes jeune, vous avez déjà énormément d'expérience et êtes citée pour succéder à Isabelle Fijakolwski en équipe de France, MVP 2003, mais vous n'étiez pas à l'Euro et les relations avec l'équipe nationale n'apparaissent pas (encore) constituer une véritable histoire d'amour. Vous pouvez nous en dire plus ?

Je dois avouer qu’être citée pour succéder à une des légendes du basket féminin telle qu'Isabelle n’est pas toujours évident. Je me sens honorée et flattée d’entendre cela car j’admire Isabelle et ce qu’elle a pu accomplir pour le basket féminin en France, en Europe et dans le reste du monde sans parler de la WNBA, reste incomparable. Dur celle qui la succédera ! Quand à l’équipe de France je garde de très bons souvenirs pour les fois ou j’ai pu porter le maillot notamment toute la préparation qui a précédé les Jeux Olympiques de Sydney ainsi que les Championnats du monde en Chine.


Partir à l'étranger, loin de ces bases, n'est-ce pas un peu difficile, surtout étant jeune?

Si, partir à l’étranger pour toute personne quel que soit l’âge peut s’avérer difficile. Ajouter à cela, le manque d’expérience et la jeunesse (qui parfois rime avec insouciance à tort ou à raison) et ça se corse un peu plus sans pour autant être insurmontable!
Parce que c’est parfois compliqué de s’exiler, surtout très jeune, il est préférable de savoir exactement pourquoi entreprendre ce périple. La décision doit être pesée avec le pour et le contre. Bien que l’on sache ce que l’on quitte, rien n’est sûr de ce que l’on trouvera une fois arrivé à destination. S’attendre au pire pour ne pas être décontenancée ou déçue peut être une bonne stratégie. Avoir l’esprit ouvert, oublier ce que l’on a vu à la télévision, lu et entendu, essayer de ne pas se faire influencer, ni critiquer les nouvelles rencontres. Ne pas se faire influencer par ce qui pourrait détourner de ce pourquoi on a entrepris le voyage. Dans un nouvel environnement, c’est très facile de s’éparpiller mentalement et d’oublier son objectif, surtout si la vie est agréable et les gens sympathiques à souhait ! Garder un encrage familial ou des amies est nécessaire pour se ressourcer mentalement lorsqu’on en éprouve le besoin dans le pays d’origine. Un moyen de contact rapide mais cher… reste le téléphone (une fois de temps en temps) ou bien mon contact préfèré reste l'internet! Trouver un ancrage à soi dans le pays d’accueil peut aussi s’avérer bénéfique comme ça l’a été pour moi avec ma famille d’accueil avec qui à ce jour je garde contact.


Jeudi 15 Avril 2004