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Made in Belgium

Le cri d'alarme du basket féminin wallon

Le discours positif de Guillaume Barbieux (Rebond Montegnée)


Les bases de la saison 2008-2009 se mettent laborieusement en place. L’élite de notre basket féminin devrait se jouer à neuf et suivant une formule encore à déterminer. Sans garantie de rester en D1, un principe que la VBL n’a pas voulu adopter lundi dernier, Jeugd Gentson ne devrait pas complèter la série. Dames Ieper sera donc le seul promu cette saison alors que le club de l’AWBB censé rejoindre l’élite fait défaut. Une bien mauvaise habitude qui perdure depuis 3 ans. Si l’on excepte Spirou Monceau qui a choisi de monter par la bande la saison dernière et qui ne doit son salut cette saison par l’absence de montants de R1, le basket féminin wallon connaît une situation catastrophique. Dans la morosité ambiante, quelques lueurs d'espoirs brillent pourtant encore. Un exemple, le discours résolument positif de Guillaume Barbieux, coach de la Renaissance Montegnée, néo-promu cette saison en R1 et.. vice-champion. Une lueur d'espoir dans la nuit noire...



La malédiction du champion AWBB

Pour garder un Espoir
Pour garder un Espoir
Les trois derniers champions de R1, Belleflamme, le First Andenne et le Fémina Liège, ont non seulement refusé la montée, mais n’ont plus inscrit d’équipes en R1 la saison suivante. Cette saison, pas moins de six clubs (!) ont arrêté les frais au plus haut échelon du basket féminin wallon. En moins de 12 mois.

Un constat dramatique qui n’est malheureusement que le reflet d’une situation qui perdure déjà depuis plusieurs années. Hormis Spirou Monceau qui a donc accepté de monter par la bande, il faut remonter à 4 ans avec Sprimont pour trouver trace de l’accession à la division I d’un club wallon par la voie sportive. Alors que se passe-t-il ? Belleflamme champion il y a trois saisons avait refusé la montée pour se voir rétrograder ensuite au plus bas échelon provincial. L’année suivante, le First Andenne a pu être champion sans subir de sanction… mais a décidé d’arrêter les frais. Tournai, redescendu de D1, a rapidement jeté l’éponge, suivant en cela le sillage de Spirou PDL Charleroi, autre descendant qui n’a pu arrêter sa chute qu’en provinciale. Tour à tour, Ciney, le Fémina Liège et enfin le Rebond Ottignies ont aussi décidé de ne plus inscrire de formation en Régionale 1 au terme de la défunte saison. Manque de motivation des clubs, des joueuses, raisons financières, coûts fédéraux trop élevés, manque de structure des competitions, chacun y va de son analyse.

Quel est la vision d’avenir à long terme de l’AWBB quant à ses championnats féminins ? Où veut-elle conduire ses clubs et ses joueuses ? Et comment ? Autant de questions auxquelles les clubs, joueuses, responsables et sympathisants du basket wallon attendant impatiemment des réponses et surtout des solutions.

Le Season Opening à 9 ! Ouïlle...

Beaucoup de zones d'ombres à éclaircir (photo: D. Dumoulin)
Beaucoup de zones d'ombres à éclaircir (photo: D. Dumoulin)
La deuxième édition du Season Opening se déroulera les 11 et 12 octobre à Herentals avec, dans l'état actuel des choses, 9 équipes. Ce qui veut dire qu'une équipe sera "bye" lors de ce premier week-end de compétition. Suivant un premier projet de calendrier proposé par la VBL, mais dont le caractère officiel est déjà vigoureusement contesté par l'AWBB, ce serait IMC Waregem, le champion en titre, qui serait privé de Season Opening (à moins d'organiser un lucratif match de gala).

Un soutien financier pour pousser les clubs à formation

Guillaume Barbieux, jeune et plein d'espoirs (photo: Unionboraine.be)
Guillaume Barbieux, jeune et plein d'espoirs (photo: Unionboraine.be)
En attendant, la Régionale 1 se composera de 14 équipes la saison prochaine - en tenant compte de l'équipe du centre de formation de l'AWBB - avec les montées du Novia Munalux Namur B et le CEP Fleurus, champion de leur série respective en R2. Viennent s’y ajouter leur finaliste, Prayon et Loyers. Premier coup de pique des Loyersois: "nous pensions qu’un test match était organisé avec les Liégeoises", relate Benoît Aerts, le coach namurois qui a repris Loyers au fin fond de la P1 il y a deux saisons pour le mener en autant de temps en … R1. "Une montée qui n’arrange pas Loyers qui se sent obligé de monter. Il n’est pas étonnant de voir les clubs en difficultés ensuite. C’est les mettre en condition pour soit renoncer illico, soit pour les faire arrêter l’année suivante faute de moyens. En plus, nous sommes prévenus très tard alors que tout le monde sait bien que toutes les joueuses sont casées depuis bien longtemps. Comment former une équipe compétitive dans ces conditions."

Des frais fédéraux trop élevés ?
Questions de moyens donc, questions de joueuses. Les frais fédéraux sont l’une des principales raisons de la non-montée des clubs à l’étage supérieur. "Il faudrait une réunion avec la fédération pour qu’elle nous explique ce que couvre les frais demandés, cela passerait déjà peut-être mieux", suggère Guillaume Barbieux, le coach de la Renaissance Montegnée, qui pour sa première saison en R1 a vu son club liégeois finir sur la même ligne que le champion Fémina Liège, devant pour un petit point à l’average entre les deux cercles liégeois.

La pilule est en effet dure à avaler pour beaucoup avec un montant qui n’est pas loin de doubler entre chaque division. Au minimum. "Nous consacrons la majorité de notre bugdet à la formation,", confie Philippe Opdecam, le président de Ganshoren, "aux stages d'avant-saison, à un bon staff technique, aux salles et à la structure sportive avec 10 équipes dont 4 régionales (R1, R2, cadettes et minimes). Pour bien figurer en D1, j'estime qu'il faut 3 à 4 fois plus de budget, et 6 fois plus que notre budget actuel pour être dans le bon wagon. Certaines de nos filles sont à leur niveau en R1 et n'envisagent pas de se voir un jour en D1. Y gouter fait partie d'une carrière, mais vivre dans la défaite constamment, n'est pas stimulant. Par contre 2 ou 3 autres ont probablement le niveau requis, et iront chercher ailleurs ce que nous ne pouvons leur offrir. Normal. Nous sommes un club formateur de bonne réputation et travaillons dans ce sens. Mais pour arriver à former des joueuses de D1, il faut jouer contre des D1, et là ... Le fossé entre la D1 et la R1 est énorme, et nous pensons vraiment qu'une D2 est indispensable pour se préparer à une éventuelle montée. Nous avons ramé quatre ans en R1, pour arriver au niveau qui est le notre aujourd'hui. Je n'ai pas de solution miracle, mais un travail de fond doit se mettre en place au plus vite car on va droit dans le mur. Consulter et réunir les clubs dans des séances de réflexion est à mon sens un début et il est grand temps."

La Renaissance Montegnée prêt à tenter l'aventure si jamais...

Amandien Halin, Sprimontoise à part entière
Amandien Halin, Sprimontoise à part entière
Alors que faire ? Permettre une année de transition en réduisant les frais pour le montant la première année, mais les autres clubs risqueraient de se sentir floués? Diminuer la différence entre les divisions, si entre la R1 et la D1 on passe de l’échelon régional à la nationale, la différence entre la R1 et la R2 se justifie-t-elle autant?

"Il est clair que nous devrions passer de 3.600 euros pour la R1 à 5.600 euros à la D1, via des partenaires qui pourraient couvrir la différence, le coup pourrait être jouable pour accéder à l’élite", réfléchit Guillaume Barbieux résolument optimiste et qui balaie d’un revers de la main la raison du potentiel pour évoluer à l’échelon supérieur. "Bien sûr, le potentiel est là. Quand je vois des équipes comme Kortrijk, comme Runkster, qui s’articule autour de Sara Leemans, ou même d’autres, je suis persuadé que nous pourrions jouer en D1. En gardant 8 à 9 filles avec un renfort on pourrait s’en sortir à moindre frais."

Le coach liégeois prône un discours positif et est prêt à retrousser ses manches. Une lueur d'espoir dans une nuit noire, car la tendance est beaucoup plus nettement au découragement. La Renaissance Montegnée se dit prêt à tenter l'aventure si sportivement il le mérite, rejoignant un peu le discours de Libramont ces deux dernières saisons.

Pour revenir à la division I, d’autres proposent une ligue fermée. Monter pour ne pas redescendre et reconstituer une élite à 12. La D1 a été réduite à 10 par manque de joueuses sur le marché, un constat de plus en plus criant. A tel point, que plusieurs voix s’élèvent pour lancer un cri d’alarme. "Après 10, nous passeront à 8, puis à 6 et ce sera la mort du basket féminin. Il faut prendre le problème par l’autre bout: former et produire des joueuses capables de peupler 12 cercles de division I. Mais cela demande un gros travail en profondeur et une visée à long terme."

"Amandine Halin est un exemple pour nous", reprend Guillaume Barbieux. "Elle vient de chez nous, cela fait 15 ans qu’elle travaille à la Renaissance Montegnée et la voir partir en D1 à Sprimont, c’est bien sûr un pincement au coeur après tout ce temps, mais c’est une fierté aussi. Se donner un laps de temps de 4-5 ans pour former des jeunes à être capable d’évoluer en D1 et les mener le plus haut possible, c’est faisable. Sprimont forme un pole résolument liégeois nous voulons être le second. On a bien travaillé cette saison en venant de R2. Regardez où nous avons terminé. La saison prochaine, les filles auront un an d’expérience en plus et à force de travail, le niveau sera très bon. L’idée d’une D2 nationale permettrait de renforcer la compétitivité."

Bruno Rowet: "le problème s'accentue"
"Et par conséquent", renchérit Bruno Rowet, le coach du Rebond Ottignies, "le problème ne va que s'accentuer, car des équipes n'ayant pas forcément le niveau vont se voir proposer la montée." Il y a un nivellement par le bas inquiétant. "Il y a un manque d'effectif, un problème de mentalité et de motivation chez les jeunes joueuses que l'on doit aussi faire monter trop vite. Du côté VBL, les filles s'entraînent parfois 4 à 5 fois par semaine. Du côté AWBB, avec deux entraînements c'est déjà trop. La qualité s'en fait ressentir, elles brûlent les étapes et revendiquent certaines choses. La formation est un point vraiement essentiel, mais quels sont aussi les vrais formateurs ? Au Rebond, former est notre devise. Mais après ? L'argent joue ensuite un rôle. Ciappina à Dexia, Demonceau à Monceau, Willems à Braine, Leroy à Braine, Coibion à Monceau, Henry à Braine, etc... Ce sont toutes des filles qui proviennent de chez nous. Il faut valoriser les clubs qui ont des formateurs comme entraîneur, faire payer moins les inscriptions et moins taxer les clubs sur tout et sur rien. Il ne faut pas se cacher, la pauvreté du basket féminin wallon s'accentue..."

C'était il y a un an sur Basketfeminin.com !

Messieurs, avant qu'il ne soit trop tard...

Après le First Andenne, c'est Spirou Girls Charleroi qui doit jeter l'éponge en Régionale 1. Tous les deux pour la même raison: un manque d'effectif. Champion de R1 cette saison, les Andennaises avaient obtenu de l'AWBB de pouvoir poursuivre leur marche jusqu'au titre sans être obligées de monter en D1. Les Spirou Girls Charleroi ont lutté jusqu'au bout pour se maintenir parmi l'élite. La suite, elle est simple, aucun des deux clubs n'a pu dénicher suffisamment de joueuses pour réentamer la saison à cet étage.

Comme c'est le cas pour la division I nationale, il faut bien se rendre à l'évidence de l'étroitesse du marché belge en matière de joueuses. L'AWBB a voulu rehausser à 14 le nombre de clubs en R1, pari d'ores et déjà manqué. Ils ne seront que 12. Une véritable réorganisation du basket féminin wallon - avec une vision cohérente à long terme et stable - est urgente !


Une D2, des cadettes nationales, des barrages, de la vraie compétition...

Des solutions urgentes à mettre en place
Des solutions urgentes à mettre en place
L’idée est promue par le côté wallon, mais ne semble pour l’instant pas recueillir du tout l’assentiment de la VBL qui ne veut pas mettre en équilibre sa pyramide, sa hiérarchie de structure bien installée à tous les échelons.

"Pourtant en reprenant les meilleures équipes de L1 et de R1, le championnat serait vraiment très compétitf et servirait de transition entre la régionale et la D1."

Une remarque partagée par certains clubs flamands qui considère qu’il y a quelques matches intéressants en L1, mais que la difféerence ensuite entre le haut et le bas de la série est trop importante. La VBL y est opposée pour l'heure.

Les idées foisonnent aussi pour redonner une certaine compétitivité au basket féminin wallon. Pascal Vacavant (Spirou Monceau) pousse à réfléchir sérieusement, et tire sérieusement la sonnette d'alarme. "Le fossé entre les divisions et les régions s’accentue de plus en plus et les joueuses se font rares. Le basket féminin mériterait une attention particulière. Il sera donc proposé de créer une cellule pour étudier les questions spécifiques liées à son développement et son maintien (ex: étude de l’intérêt de créer une D2, création d’un championnat cadettes nationales, etc.)" (Groupement des parlementaires du Hainaut - 05/05/2008).

Guillaume Barbieux voit bien aussi des cadettes nationales "avec pourquoi pas la possibilité pour les formations cadettes des clubs de D1 d'être complètée par d'autres cadettes de clubs inférieurs", une sorte de double affiliation à ce niveau-là aussi. "Sinon l'idée de barrages me plaît bien aussi. Pourquoi pas une formule avec une phase initiale, puis 8 clubs en play-off en D1, les 2 derniers avec les 2 premiers AWBB et les 2 premiers VBL joueraient aussi un nouveau championnat. Il y aurait de la compétition, ce serait attractif. Et ralongerait aussi un peu le championnat, on voit certains clubs dont la saison est confinée à 6 mois, à un rythme de 3 entraînements par semaine et donc six mois sans jouer. Il y a comme un problème..."

Les cris d'alarme se multiplient. Non, tout ne va pas bien ! Le basket wallon se porte même très mal, or les ressources existent bel et bien. Et le sol se rapproche dangereusement...



Vendredi 23 Mai 2008